Mortalité des abeilles : des causes multiples dont certains insecticides
Dans la très sérieuse revue Nature du 29 Mars 2012 viennent de paraitre deux études confirmant le rôle de certains insecticides dans la mortalité des abeilles.
Un taux de disparition 2,5 fois plus important chez les abeilles intoxiquées
Des chercheurs français ont équipé individuellement 650 abeilles de micropuces au niveau de leur thorax. Cela a permis de suivre leur entrée à la ruche. Ces butineuses ont été réparties en deux lots :
- un lot a été nourri avec une solution sucrée additionnée d’insecticide à très faible dose (comparable à ce qui se retrouve dans le nectar des plantes traitées visitées par les abeilles)
- Un lot témoin n'a reçu que de l’eau sucrée.
Toutes les abeilles ont été lâchées à 1 km de leur ruche, soit la distance habituelle de butinage des abeilles domestiques. Les résultats ont montré un taux de disparition 2,5 fois plus important chez les abeilles intoxiquées. Cette désorientation, par diminution du nombre d’individus peuplant la ruche, ainsi que des récoltes de nectar (donc au final de miel) moins importantes, amoindrissent le développement de la colonie. Cela la rend plus vulnérable aux agents pathogènes tels que varroa, nosema et virus divers.
Les colonies ont produit 85 % de reines en moins
Dans une autre étude, dDes chercheurs anglais ont prouvé cet affaiblissement de la colonie en étudiant l’impact de ces insecticides sur les bourdons. Les colonies de bourdons ont été mises dans des terrains clos sur lesquels ils s’alimentent naturellement. Les chercheurs ont ensuite pesé les nids avec les bourdons et le miel, pour déterminer la croissance des colonies. La même opération a été répétée sur des terrains traités par les insecticides étudiés. Dans ce dernier cas, les colonies exposées ont pris moins de poids que les autres car elles sont moins nourries. Elles ont également produit 85 % de reines en moins.
Le Ministère de l’Agriculture envisage de prendre des mesures
Prenant acte de cette publication, le Ministère de l’Agriculture envisage le retrait de l’AMM (autorisation de mise sur la marché) du Cruiser ND, si ces nouvelles scientifiques étaient confirmées. Charge à l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail) de faire la lumière avant le 31 mai 2012.